13 janvier 2013

La famille française

 À Paris, des gens se sont rassemblés pour protester contre le mariage entre personnes du même sexe et contre le fait que ces gens puissent adopter des enfants. Ces marcheurs et marcheuses étaient nombreux, mais qu’est-ce que ça change? On a déjà vu des peuples entiers se tromper.
 J'aurais pu imaginer la chose aux É.U. ou au Canada, je ne connaissais pas ces Français conservateurs se rendant à Paris pour marcher contre une infime fraction de la population qui vit différemment du reste de la population. Marcher pour combattre la pauvreté, pour s’opposer à ceux qui négligent leurs enfants ou contre ceux et celles qui battent leurs enfants c'est une chose, mais protester contre des gens qui  aspirent à se marier c’est étrange. Des gens interviewés semblaient enragés. Pourquoi cette haine apparente? D’où provient-elle? N’y a-t-il pas des menaces plus évidentes?
 Si vous n’êtes pas homosexuel, ça ne vous concerne pas. Si le mariage ne vous intéresse pas, ça ne vous concerne pas non plus. Si vous êtes mariés et avez des enfants, pourquoi en vouloir à ceux et celles (peu nombreux) qui aiment un conjoint du même sexe, qui veulent se marier et souhaitent élever un enfant? Et puis, ça se fait déjà non? Je connais des homosexuels qui élèvent des enfants depuis quelques années. Quelque chose m’échappe.
 Je soupçonne la peur d‘être derrière tout ça. Ces gens craignent-ils qu’une nouvelle société avec des valeurs ne correspondant pas aux leurs vienne bouleverser l’idée qu’ils se font de la vie familiale française? L'unanimité n'existe pas. Pour se rassurer, plusieurs personnes voudraient que leurs concitoyens soient unanimes sur ce point. La peur empêche de voir clair, elle nuit à la réflexion. Il faut rester calme. Et puis, qui aurait avantage à protester contre une loi permettant à des gens d’un même sexe de se marier?
 L’Église ne doit pas être bien loin. On la connait. Et pourtant, sur le plan sexuel, on sait que les religieux ne se sont pas retenus pour perturber la vie « naturelle » de nombreux enfants. Ils sont les derniers à pouvoir conseiller l’État sur ce point. Les masturbateurs invétérés en soutane voudraient définir ce que doit être une vie familiale saine et naturelle? Pas eux, non merci.
 On craint pour l’équilibre psychologique des enfants? La question se pose. Peut-on y répondre? Chacun a son opinion. Suis-je autorisé à répondre pour les autres? Des enfants malheureux, abandonnés, négligés, il y en aura toujours et des enfants aimés, entourés et supportés, il y en aura aussi. Sur le plan familial, je vis en fonction de ma nature (hétéro), je vis en fonction de ce que j’estime bon pour les miens, mais je ne ressens pas le besoin d’imposer la même façon de vivre aux autres (j'ai d'autres torts, pas celui-là).
 Derrière cette grande manifestation, il y a autre chose qui me dérange, c’est l’intolérance, la tyrannie de la majorité convaincue de la droiture de sa « morale ». Il y aura toujours des lois favorisant l’identité culturelle d’une nation, il y aura toujours des principes inscrits dans les constitutions, mais quand on entre dans la chambre à coucher des gens, je décroche. Malgré ce qu’en disent les protestataires, j’y vois de l’homophobie.
 Grand-Langue

1 janvier 2013

Je ne suis pas Maya, vous pouvez me croire

On efface tout et on recommence!
C’est pas ça la thérapie du Nouvel An? Faire semblant qu’on vient de faire une mise à zéro et qu’on reprend tout.
Aujourd’hui, premier janvier, puis-je jeter mes comptes à payer? Est-ce que je retourne au boulot ou est-ce que je retourne à l’école? J’aimerais bien reprendre une partie de ma vie. Le Nouvel An comprendrait-il cette possibilité?
Ce matin, j’ai les mêmes bobos qu’hier, mon p’tit déjeuner ressemble à ceux que je prenais en 2012 et la neige tombée hier est encore là. Notez que j’aime la neige, je n’aurais pas voulu qu’elle disparaisse. Ce que j’aime de la neige c’est qu’elle rend l’acoustique agréable. Les bruits s’effacent dans la neige, ils sont absorbés.
Habituellement, je passe le Nouvel An à la maison, en pépère, devant le téléviseur ou un livre à la main. Je m’endors souvent avant minuit pour me réveiller l’année suivante. Sauf qu’hier rien ne s’est déroulé ainsi. On m’a invité à une grande réception dans un restaurant à bouffer une multitude de plats originaux, à boire du vin et d’autres breuvages alcoolisés qui rendent l’homme semblable à la bête. Il y avait de la musique, beaucoup trop de musique américaine, une chanteuse qui avait l’air américaine, des chapeaux, des flutes, des sifflets, des banderoles, un décompte à minuit… etc. Ça ressemblait à ce qu’on voit dans les films. À minuit, tout le monde s’est embrassé et chacun a souhaité la meilleure année aux autres, à des hommes et des femmes qu’on ne connaissait même pas. C’est comme un tourbillon dans lequel on se fait happer. J’ai peut-être souhaité une Bonne Année à un chef de la mafia. Un jour on ressortira la photo! Notez bien que j’étais content que minuit arrive, pas pour fêter mais parce que je me disais qu’à minuit, nous n’avions plus rien à faire ici et que la soirée prendrait fin. Mais non, c’est à minuit que le party commence vraiment et là, l’effet de l’alcool devient notable, redoutable.
Moi je m’ennuyais de mon divan, de mon lit, de mes livres. Je devais faire une heure de route pour rentrer chez moi. Bref, je suis rentré avant le lever du soleil. La nuit était belle, la température très douce, sans vent. Je serais bien resté dehors, j’aurais dû me balader dans le quartier, histoire de me remettre de ce tintamarre qui sonnait faux. Une balade dans la nuit aurait bien valu cette mascarade absurde.
C’est la première fois que je participais à une telle soirée du Nouvel An et ce sera la dernière. En famille, à la limite, et encore, j’évite. En troupeau, jamais plus. Faut dire que je n’ai pas le sens du party. C’était pareil en 2012 et les années précédentes. Les années se suivent et se ressemblent quand même un peu. Basé sur cette expérience, il y aura des meurtres en 2013, il y aura aussi des guerres, des problèmes économiques et des crises naturelles.
Je ne prédis pas la fin du Monde, je prédis bien pire : la continuité du Monde.
Grand-Langue