Je m’étonne depuis longtemps de la popularité de ceux que l’on qualifie d’humoristes. Nul besoin pour ces « stand-up comic » d’être très doués pour gagner en popularité ou en richesse. À défaut d’être drôles, ils amusent, ils m’amusent aussi. Le spectacle est rarement d’un bon calibre, il est souvent banal quand il ne sombre pas dans le très facile. S’il ne fait pas rire ou réfléchir, au mieux il distrait. Chacun peut s’exprimer ou dépenser son fric à sa guise. Je ne paierais pas pour entendre un « humoriste », mais je les regarde parfois à la télé. Heureusement pour eux, une même blague peut être dite de mille façons. Quelques-uns sont talentueux.
Le nombre de spectacles produits m’impressionne. Les gens sont-ils dépressifs au point de devoir payer pour qu'on leur tire quelques rires? Les spectacles d’humour ont toujours existé, je sais. Rien de plus naturel, mais, ils tiennent le haut du pavé, bébéficiant d'une certaine stature, sinon d'une forme de crédibilité aux humoristes. Voilà une autre chose qui m’agace. Ces séances de rires collectifs à prix élevés constituent-elles autant de thérapies collectives? Ne sait-on plus rire sans être désinhibés par un humoriste diplômé d’une école reconnue? Le rire et l’humour ne font-ils pas partie de notre nature que notre esprit devrait commander à volonté? Autrement, je me demande de quoi il s’agit.
Il y a humoriste et humoriste. Certains sont carrément drôles, d’autres passeront des messages ou feront dans la subtilité. Depuis quelque temps, par l'action heureuse des médias, il y a moyen de faire fortune sans avoir de grandes idées, sans création, sans originalité. Suffit d’apprendre des techniques de scène, de s’associer à de bons imprésarios et à de bons scribes (rarissime). Certains opteront pour le vulgaire (valeur sure) ou l’insulte (encore meilleur) sous prétexte que l’humour permet tout, que l’on n’a pas droit de leur prêter de mauvaises intentions malgré certains textes se voulant plus brun que brun. La réalité? C’est le cash ($) qui motive, comme c’est le cas pour nombre d’entre nous (rire) sauf que personne au travail ne me fait une ovation debout ou paie 80$ pour m’entendre parler pipi-caca.
J’ai noté ce mot de Georges Brassens : l’humour c’est la politesse du désespoir. J’ai parfois l’impression que nous sommes désespérés et à défaut d’un sauveur, nous adorerons le blagueur. Quoi qu’il raconte, aussi bas puisse-t-il descendre, nous le suivrons. J’appelle ça de l’humour morbide. Pas facile de se désintoxiquer de cette merde pour retrouver le rire sain. J’en arrive à l’évènement comique de la semaine.
Nos amis de la CLASSE (très drôles), ont botté le cul des humoristes. Ces derniers, préoccupés par leur capital de popularité, avaient organisé un spectacle « d’humour » au profit des carrés rouges (ne pas confondre avec les carrés aux framboises que j’adore). Les gens de la CLASSE considéraient cet argent sale, à cause des humoristes capitalistes sans vergogne. Les humoristes capitalistes sans vergogne et INDIGNÉS, ont alors décidé de ne pas leur remettre l’argent sale que refusait l’association des casseroles bruyantes.
Comment ne pas donner d’argent à des gens qui n’en veulent pas? Juste avec ça, y’a moyen d’écrire des sketchs. Je pense à réorienter ma carrière. À peu près tous les médias ont ridiculisé la CLASSE qui refusait l'argent sous prétexte que trop d’humoristes produisent des spectacles sexistes, racistes et discriminatoires, dont le simple but est de faire du fric (oubliez les second et troisième niveaux). Dans mon esprit, les gens de la CLASSE ont gagné des points, mais nous sommes tellement peu habitués à un brin d’authenticité que la seule chose que nos médias ont pu faire, c’était de se moquer de la décision de la CLASSE. Aucun média n’a parlé du pipi-caca, du « sale » fric, de ce que rapportent ($) les excréments oraux, des subventions gouvernementales au pipi-caca, et des nombreuses et véritables causes que nos humoristes auraient pu adopter.
Les très intelligents lecteurs que vous êtes ferez la distinction entre certains humoristes et d’autres. Évidemment, tout le monde a droit de parole, mais personne ne vous oblige à trouver drôle ce qui ne l’est pas. Aujourd’hui c’est la fête nationale, le mouton est en vedette, néanmoins, rien ne nous oblige à suivre quiconque.
Grand-Langue